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Il est là, planté dans un mur. L’avion a été stoppé net
dans son élan, rattrapé par sa matière. Au raz du sol, le motif d’un tapis de feuilles camoufle une forêt de soldats de plomb lancés dans une bataille au corps à corps.
Au milieu de ces catastrophes anodines et silencieuses,
mis en jeu physiquement, nous approchons du regard
ces oeuvres ouvertes dont nous dessinons la spatialité. Sébastien Gouju nous entraîne ainsi dans une relation ludique et singulière ou les oeuvres, dotées d’une puissante force narrative, nous déstabilisent et nous manipulent.
Elles se jouent de nous, dissimulées sous des formes archétypales, répondant à un inconscient collectif, mythe
d’un monde de tout les probables. Ours en peluche, soldat
de plomb, avion en papier, évoquent cette imagerie populaire proche de l’enfance. Ces formes primordiales tissent
avec nous un lien sensible. Nous y rejouons, fascinés, le jeu symbolique d’appréhension du monde.
Le travail de Sébastien Gouju s’établit dans cette dialectique entre ces formes et la matière qui les compose. L’avion
en aluminiumdevient aussi dangereux et inutilisable que le fil barbelé en cristal ne devient fragile et fictif. Chaque oeuvre
se présente comme un paradoxe ou la matière au travers
de ses forces et de ses contraintes vient annihiler la forme
et en révèle le simulacre de la représentation.
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